Les estimations en Agile sont un sujet aussi incontournable que controversé.
Que l’on utilise la suite de Fibonacci, des tailles de T-shirts, des puissances de 2 ou le bon vieux doigt mouillé, chaque équipe a sa propre approche.
Pourtant, une constante demeure : les difficultés liées aux estimations.
Les galères classiques des estimations
- Trop basses ? Le sprint explose et la pression monte.
- Trop hautes ? On sous-utilise notre capacité et on perd du temps.
- Trop floues ? Elles ne servent plus à rien et deviennent un rituel vide de sens.
Face à ces problèmes, on ajuste, on débat, on affine… mais le résultat est rarement à la hauteur de nos attentes. Pourquoi ? Parce que le vrai problème ne vient pas (seulement) de l’échelle utilisée.
Ce qui pose vraiment problème
- Une mauvaise compréhension du besoin
Si l’équipe ne comprend pas bien ce qui est attendu, les estimations seront inévitablement erronées. Avant d’estimer, il faut clarifier, débattre, affiner et échanger ! - Le manque de données historiques
Sans base de comparaison, comment juger si une estimation est réaliste ? Le doigt mouillé ? L’expérience ? Le talent ?? - La pression externe
Si une estimation est influencée par des enjeux politiques ou commerciaux, elle perd toute valeur prédictive. Le commercial veut vendre sa solution le plus vite possible, tandis que l’ex-chef de projet ajoute 50 % de marge pour éviter les reproches. Un développeur débutant et un développeur expérimenté auront aussi des visions différentes des estimations. - L’illusion de la précision
Tenter de prédire avec une précision extrême une tâche complexe est une illusion. Vos estimations sont fausses, et il faut l’accepter. Mieux vaut travailler avec des plages de valeurs et des marges d’erreur plutôt que de s’acharner à faire le match avant de l’avoir joué. - L’oubli du facteur humain
Une estimation reste une hypothèse faite par des humains. La fatigue, l’expérience, la composition de l’équipe… tout cela influe sur la qualité des estimations. Une équipe dysfonctionnelle aura tendance à estimer très largement, tandis qu’une équipe bien rodée et communicante pourra tendre vers des estimations plus précises.
5 pratiques pour des estimations plus fiables et moins frustrantes
- Co-construire les estimations
Plus l’équipe est impliquée dans l’estimation, plus elle sera fiable et acceptée par l'équipe. - Travailler avec des plages et non des chiffres fixes
Utiliser des intervalles plutôt que des nombres précis permet d’intégrer l’incertitude naturelle et de trancher entre deux estimations. - Utiliser des points de référence
Comparer une tâche à des travaux déjà réalisés facilite l’estimation. Construisez votre propre échelle de référence. - Revoir régulièrement votre échelle de référence
Une estimation n’est pas figée, elle peut et doit être ajustée en fonction de la maturité de l’équipe. Revoir l'espacement des barreaux de votre échelle est important… mais Attention ! pas trop souvent non plus. Prenez une de vos user story "done" à chaque fin de sprint et posez-vous la question en équipe : est-ce une nouvelle référence pour notre échelle d'équipe ? - Accepter l’incertitude
Tout comme on accepte le changement, il faut aussi apprendre à travailler avec un degré d’imprécision acceptable. Plutôt que de viser la perfection dès le départ, concentrez-vous sur l’amélioration continue. nous apprenons a marcher avant de courir.
Les estimations ne seront jamais parfaites, et ce n’est pas grave. L’important est de les utiliser comme un outil de discussion et d’amélioration continue, plutôt que comme une contrainte rigide.
Alors, si votre équipe galère avec ses estimations, demandez-vous : le problème vient-il vraiment de l’échelle utilisée ? Ou y a-t-il un élément plus profond à régler ?
À chaque équipe son échelle… mais pourquoi finit-on toujours par tomber ?